La science ouverte ouvre les portes
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La science ouverte ouvre les portes

Par Bradford Casey | |
Author(s)
  • Bradford Casey, docteur ès sciences

    Michael J. Fox Foundation | Etats-Unis

    Bradford dirige les portefeuilles de la fondation consacrés à la génomique, la biologie informatique et la recherche en données scientifiques ; il œuvre aux côtés d’autres scientifiques internes à développer la stratégie de la fondation en matière de recherche. Il collabore avec les chercheurs, les responsables cliniciens et les partenaires industriels pour dévelo... Read More

  • La science ouverte fait ressortir la valeur de toutes les parties prenantes
  • La science ouverte offre le meilleur retour sur investissement en matière de ressources
  • La science ouverte favorise les grandes découvertes

La recherche scientifique a pour vocation première de lever le voile sur l’inconnu. Par le passé, la recherche a été menée principalement par des scientifiques travaillant seuls ou en petites équipes pour étudier de près un sujet précis. Cela a conduit à la généralisation du stéréotype du chercheur ; il suffit de lire des bandes dessinées où le chercheur est inévitablement penché sur son microscope, dans la plus grande concentration. Ce modèle illustre la façon dont de nombreuses personnes conçoivent la science : émettre une hypothèse, l’étudier soigneusement et ensuite partager ses conclusions. Cette image du chercheur penché sur son microscope – son regard concentré sur une partie et non le tout, ignorant tous les autres stimuli – contribue au problème actuel.

Si la découverte scientifique passe encore et toujours par un travail de fourmi, la focalisation des laboratoires sur un seul domaine à la fois constitue un goulot d’étranglement en termes de moyen. Trop souvent, un accès limité aux données et aux outils ralentit les progrès de la recherche et entraîne des doublons coûteux et inefficaces dans la recherche. Le coût pour les chercheurs – et les patients – est particulièrement élevé, car il faut parfois des années pour produire et publier des données et des conclusions, qui peuvent ensuite être éclipsées par un projet légèrement différent. 

Les conséquences de cette façon de faire sont évidentes. La production des données se fait donc fréquemment dans un climat de concurrence, et non de collaboration, ce qui freine les découvertes éventuelles. Les difficultés liées à la production et à l’exploitation de l’ensemble des données rivalisent souvent avec la recherche scientifique entreprise en amont, au risque de dévaloriser la contribution des chercheurs individuels. Cette méthode de travail solitaire conduit invariablement à des ensembles de données fragmentés et cloisonnés, qui coûtent plus cher à produire et sont plus difficiles à analyser et à comparer. Pire encore, on peut passer à côté de découvertes essentielles en l’absence de la possibilité de comparer des ensembles de données isolés.

On évoque fréquemment une alternative à ce modèle : la « science ouverte ». L’une des solutions consiste à créer des plates-formes communes de données pour la recherche et à mettre au point des outils permettant à de nombreux scientifiques de les utiliser simultanément. Différents consortiums de recherche, dont le projet ENCODE et GTEx, illustrent clairement l’intérêt de la production collaborative de données et contribuent de manière durable à la réalisation de travaux de recherche de premier plan. Les chercheurs ayant des intérêts et des compétences différents utilisent les données de manière indépendante ou en collaboration, en fonction de leurs besoins. En matière de mobilisation de moyens, ce modèle permet de mobiliser les mêmes ressources (financement, temps, efforts) pour créer des ensembles de données plus complets et plus utiles.

Le fait de partager les plans de recherche, les premiers résultats et les difficultés rencontrées valorise la contribution de chaque chercheur au projet en question, et leur permet de reconnaître et d’étudier les questions clés. Cette démarche présente un intérêt notoire pour les chercheurs en début de carrière et les stagiaires, qui bénéficient d’une plus grande visibilité et d’un accès accru à des possibilités de recherche dans le cadre d’un modèle scientifique ouvert. Ce modèle favorise également une collaboration équitable car les participants peuvent contribuer aux travaux en cours en sachant que leur contribution sera reconnue dans le processus. L’accent mis sur le partage des travaux en cours encourage également les meilleures pratiques dans le développement d’outils et de ressources mis en communs pour soutenir les travaux et permet à davantage de chercheurs d’être bien équipés pour consulter et utiliser les données existantes. En conclusion, le GP2 s’engage non seulement à ce que les différentes cohortes bénéficient à tous de manière équitable, mais à ce que la science ouverte soutienne la recherche, et les chercheurs qui rejoignent cette entreprise révolutionnaire, par la mise à disposition de moyens et d’opportunités.

[1] Consortium du projet ENCODE. Une encyclopédie intégrée des éléments d’ADN dans le génome humain. Nature. 2012;489(7414):57-74. doi:10.1038/nature11247

[2] http://www.gtexportal.org